Discours du Président lors de Assemblée Générale


Publié le 16 octobre 2021

Cette année 2020 a été marquée par deux sujets majeurs qui ont un impact direct en termes de logistiques : l’environnement et la crise sanitaire. La question écologique interroge l’ensemble des métiers de la logistique. En effet, si ces derniers demeurent essentiels pour le commerce international, ils peuvent aussi être perçus comme un frein à l’amélioration environnementale de l’économie. La crise sanitaire liée au Covid-19 a mis en exergue l’importance de la maîtrise des questions logistiques. Le transport des personnes, notamment l’aviation civile, a été un facteur accélérateur de la propagation de la maladie. D’un autre côté, les questions logistiques d’approvisionnement en produits transformés (tels que les masques) mais aussi la dépendance à certains marchés pour les pièces détachées (l’électronique grand public, notamment) ou les matières premières (les principes actifs des produits pharmaceutiques) ont été des questions clés en 2020. Avec une réponse symbolique (relocalisation de certaines usines en Europe) mais qui reste bien une question d’adaptation des entreprises en matière de supply chain internationale.

Ce « monde d’après » de la logistique devra intégrer les enjeux environnementaux : impact carbone à tous les niveaux, achats responsables, logistique verte, « reverse logistic ». La crise liée au Covid-19 et l’explosion des ventes en ligne confirme bien que la révolution numérique en cours s’inscrit dans un modèle « hybride », où la logistique physique est étroitement liée au numérique. Traditionnellement associé aux gestionnaires de flux physiques, la logistique est de nos jours génératrice de flux informationnels, nécessitant des données dont la qualité et la quantité devront être croissantes. Les logisticiens vont devoir gérer plusieurs injonctions paradoxales et en particulier le fait de devoir être au cœur de la transformation digitale et, en même temps, des exigences environnementales. Le développement du digital ne réduit pas mécaniquement le bilan carbone des entreprises. Les exemples sont nombreux : l’impact des data centers, tout comme le renforcement des échanges commerciaux lié au e-commerce, montre à quel point la logistique devient stratégique d’un point de vue business et environnemental.

Cette équation complexe devient le point nodal des années à venir des acteurs de la logistique : être à la fois ceux qui soutiennent le développement économique et ceux qui contribuent, par leur approche innovante, à contre balancer ses effets pervers. Souvent sous-estimée par rapport à la finance et au marketing, la logistique devient un sujet au cœur de la recherche. De même, dans les entreprises, cette fonction souvent secondaire et rattachée à l’intendance prend de nouveau de l’ampleur. De nouveaux métiers apparaissent, liés notamment au Big data, car la logistique draine un grand nombre d’informations : analyste de données logistiques, dataminer, responsable de la prévision des ventes (sales & operations planning – S&OP)… Ces postes, encore en construction, vont sûrement changer le regard que l’on pose sur la logistique, au cours des deux prochaines décennies.

Trois défis majeurs attendent les acteurs de la logistique. Ils sont directement liés à cette révolution digitale, à la nécessité de prendre en compte les impacts environnementaux et à ces nouveaux métiers (la logistique représenterait ainsi 8% du PNB mondial).

1- Un élargissement des secteurs concernés. La plupart des secteurs économiques sont désormais concernés. Les collectivités territoriales, le secteur de la santé publique ou encore celui de l’économie sociale et solidaire sont aujourd’hui impactés. Le Grand Paris, l’Hôpital Georges Pompidou, les restos du cœur ou Médecins Sans Frontières sont autant d’exemples d’institutions pour lesquelles où la logistique joue désormais  un rôle essentiel.

2- La logistique devient un axe clé du marketing. Jamais la logistique n’a été aussi importante pour le marketing. L’impact le plus visible est l’implication du client comme acteur de la logistique. Le retrait en magasin ou le tri des déchets, deux tendances en pleine explosion depuis quinze ans, illustrent cette intégration du consommateur final.

3- Un renforcement des enjeux liés aux territoires géographiques pour les entreprises. Les exemples se situent à différentes échelles. D’un point de vue macro-économique, les tensions, depuis quelques années, entre la Chine et les Etats-Unis sur le commerce international soulèvent des questions en matière de logistique (« les nouvelles routes de la soie » chinoises). A un niveau plus proche des entreprises, les décisions en termes d’implantations d’usines, de centres de distribution ou d’infrastructures de transport dépendent aussi des échanges avec les parties prenantes locales (politiques, associatives, etc.). Par exemple, la France est connue pour avoir un déficit en entrepôts, ce qui pourrait représenter un vrai enjeu de développement en termes d’activité économique et d’emploi pour certaines entreprises, mais aussi pour des collectivités locales telle que la nôtre.

Derrière ces enjeux, ce sont des implications lourdes de conséquences pour les entreprises et leur développement. La logistique sera sans aucun doute une question clé de la reprise.

La pandémie de la Covid va à l’évidence marquer l’histoire humaine. La crise économique mondiale qu’elle provoque est elle-même assez exceptionnelle, dans ses causes, son fonctionnement et ses conséquences. Presque toutes les filières économiques de notre monde moderne sont touchées plus ou moins gravement. Le transport maritime n’échappe pas à cela. Pourtant, l’une des plus importantes économies de service a fini l’année 2020 avec des chiffres en baisse, mais dans des niveaux acceptables. Et paradoxalement cela a congestionné les ports et nos entrepôts un peu comme aujourd’hui. Le monde global comme nos vies individuelles ne peuvent vivre sans le transport maritime. La maritimisation des matières premières et produits industriels est à une échelle telle que les 50 000 navires, 230 millions de conteneurs (et ne l’oublions pas 180 000 marins) sont incontournables et indispensables, à moins de changer notre fonctionnement économique. A nous de construire cette logistique de demain plus propre et plus efficace et plus agile encore.

HAROPA se concrétise de plus en plus, et il s’agit d’une Heureuse nouvelle qui doit nous permettre de renforcer la compétitivité de l’axe seine et ses infrastructures afin de faire du port Havre et de Rouen le véritable port de l’ile de France avant qu’Anvers ne deviennent le port de Paris.

En parlant de compétitivité, sur le Port du Havre nous avons l’honneur et la chance de pouvoir nous préparer aux contraintes qui allaient peser sur nos entreprises grâce à l’opération port mort quelques mois avant le confinement généralisé; comme quoi il y a toujours du positif dans le négatif. Blague mise à part cela a fortement impacté nos entreprises et des déblocages tardifs nous ont contraints une fois de plus à innover, à nous adapter, à la résilience. La résilience est décidemment un mot qui caractérise bien le Havre. De plus cela a impacté le nombre de lignes qui touchent Le Havre et notre image de marque à l’étranger. Nous venons de l’évoquer nous sommes solides face aux ressacs mais il serait bon que le climat social de fin 2021 et 2022 soit serein pour nous laisser le temps de reprendre notre respiration et que la montée en puissance d’HAROPA amène un écosystème stable et propice à la captation de nouveaux flux et surtout de les pérenniser grâce à une logistique performante et à valeurs ajoutées.

Car du temps nous en avons besoin pour continuer à nous moderniser, à nous digitaliser d’avantage, de faire rentrer la cobotique dans nos entrepôts ; solutions bien plus durable en terme d’emplois, d’embrasser la transition énergétique, etc…. En effet à la fois le contexte réglementaire mais aussi le sens que nous devons donner à nos métiers pour la jeune génération qui réclament légitiment plus d’éthique et pour nous-même en tant qu’être humain nous pousse vers plus de RSE dans nos entreprises, Le Club Logistique a su sentir depuis longtemps, et Richard ici présent en est le parangon, cette ajustement civilisationnel.

Je pense sincèrement que L’intérêt général, la synergie des forces du territoire, l’économie de la connaissance la mutualisation des savoirs permettront de faire du Port du Havre une place privilégiée de la manche grâce à une logistique de pointe et un écosystème performant et humain !

Erwan KEROUREDAN Président du club logistique

 

 


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